
Cette sculpture réalisée aux artisanales de Chartres 2012 a inspiré Paul Marchal. Il s'est exprimé au travers d'un poème que nous vous invitons à savourer. Bonne lecture et merci à Paul pour ce cadeau.
L’oiseau de Glace et de Lumière.
Poème inspiré par une sculpture de Gérard Taurin
Parallélépipède de glace translucide,
Un œuf surréaliste qui nous parait bien vide
Repose sur un socle et nous semble vouloir
Donner naissance à rien, être là sans espoir
De ne jamais produire autre chose que cette eau,
Source de la matière dont il porte le sceau.
Un homme le contemple, un homme se prépare
Et l’on voit dans ses yeux, au fond de son regard,
Que tel un accoucheur qui s’en va mettre au monde
Un être peu banal, un bel enfant des ondes,
Il est prêt à œuvrer pour offrir à nos yeux
Ce que sans rien savoir nous attendons, curieux.
C’est plus qu’un accoucheur, c’est un vrai créateur
Qui s’en va dévoiler, pour notre grand bonheur,
Ce qu’en esprit il voit, qui nous reste caché
Et qu’en trois dimensions il va nous révéler.
Ses outils à la main, en des gestes précis
Il donne à la matière nouvelle forme de vie.
De cette masse inerte irradiée de lumière,
Un bel oiseau de glace, création éphémère,
Apparait lentement, paré de beaux reflets.
C’est fin de la symbiose du moule et de l’objet.
Un cygne triomphant qui brille dans la nuit,
Fruit du travail d’un homme de beauté éblouit.
Las, las dira-t-on : demain ne sera plus !
L’espace d’une nuit et le voilà fondu.
Et cette eau qui s’écoule, lissant ses formes pleines,
Retourne aux origines sans que rien la retienne.
Rien ne dure ici bas. Le temps est relatif.
A ce curieux destin soyons tous attentifs.
Mais transcender le temps n’est il pas illusoire ?
Le départ de chacun, est ce adieu; au revoir ?
Si cet oiseau superbe de lumière et de glace
A rien de matériel n’a pu laisser de trace,
Cette œuvre cependant d’une grande beauté,
Restant dans nos mémoires, vit pour l’éternité.
Sur les ailes des vents de nos âmes ravies,
Qui tout ce qui nous blesse abandonnent à l’oubli,
Il reste des pensées, des paroles, des écrits
Qui sont le patrimoine sur lequel on construit
Un avenir pour l’homme. C’est bien réconfortant
Que beauté, comme amour, construisent nos printemps.
C’est bonheur chaque jour que les pensées des uns,
Les sentiments des autres, les œuvres de chacun,
Nourrissent ces jardins où des parterres de fleurs
Trouvent les bons terreaux au fond de notre cœur !
La vie n’est pas demain : Le présent la construit,
Le passé la nourrit, le temps porte ses fruits.
Les années qui s’écoulent comme l’eau de notre Cygne,
A ne plus être rien jamais ne se résignent.
Elles poursuivent leurs cycles, nourrissent notre terre
Et leurs transformations pour nous restent mystère.
Mais nous pouvons ensemble, par partage d’amour,
Toujours nourrir ce flot qui nous porte chaque jour.
Paul Marchal

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